Cette semaine, retour sur un jeu qui évoque sûrement pas mal de souvenirs aux joueurs de la région de Nevers ! Pour les autres, équipés vous ! Prennez ail et eau bénite pour ce petit retour d’un jeu vieux de plus de 30 ans…
La légende des Carpates
Dans la foulée du succès du jeu Scotland Yard publié en 1983, un jeu de poursuite avec blocage d’un criminel dans la ville de Londres, Games Workshop Ltd sort en 1987 un jeu autour de la légende de Dracula. Stephen Hand, l’auteur de ce jeu, est aussi connu pour avoir écrit plusieurs Livres dont vous êtes le Héros. C’est en 1987, que la société Oriflam traduira et publiera en Version Française. Une version série limitée avec des figurines en plomb sera aussi proposée. Des rééditions en 2007 et 2016 continuent de faire vivre ce jeu.
Coopératif, asymétrique et bâtard
Ce jeu a pour thème la lutte entre le bien et le mal incarné ici par Dracula le plus célèbre des vampires qui revenait à la mode avec la sortie par Konami du jeu « Castelvania », puis dans les années 90 la sortie du film de Coppola et de jeux de rôles comme « Vampire, la Mascarade ». Situé en 1898, La Fureur de Dracula va opposer Dracula à 3 chasseurs (Le Professeur Van Helsing, le docteur Seward et Lord Godalming) à travers toute l’Europe.
La disposition de la table rappelle celle d’une table de jeu de rôle puisque le joueur incarnant Dracula dispose d’un paravent protégeant un tableau (Table de Stratégie et de Déplacements) ou il déposera les rencontres que seront susceptibles d’être faites par les chasseurs ainsi que ses marqueurs de points de sang. Les Chasseurs quant à eux disposent d’une carte de personnage avec leurs points de vie et leur équipement.
Une fois que les chasseurs ont pris position dans une des villes, Dracula va choisir sa ville de départ sur sa TDS en y positionnant sa figurine. La course-poursuite va pouvoir commencer. L’ordre de jeu est toujours le même : en premier Dracula va se déplacer et faire sa phase d’action, puis cela sera le tour de Lord Goldaming, suivi de Seward et Van Helsing. Chaque chasseur fait une phase déplacement et une phase action.
Dracula ne peut se déplacer que par la route ou prendre le bateau, mais attention, si les voyages maritimes lui permettent de s’éloigner des chasseurs, ils lui font perdre des points de sang, son énergie…. donc il faut bien gérer. Les chasseurs quant à eux disposent de la route, du train et des bateaux. Les chasseurs vont suivre Dracula à l’aide des points rumeurs locales que Dracula laisse chaque fois qu’il quitte une ville.
Une fois déplacé, Dracula va pouvoir agir et placer une rencontre dans la ville. Les chasseurs pourront fouiller la ville et combattre les rencontres, rencontrer Dracula s’il s’y trouve et décider ou non d’affronter Dracula. A la fin de son tour, le chasseur tirera un événement ou une arme dans une ville mais dans les grandes cités il aura droit à 2 choix qu’il panachera ou non.
L’affrontement
Les phases de combat se déroulent dès lors que le chasseur se trouve dans la même ville que Dracula et qu’il le décide. Le combat n’est pas obligatoire si le chasseur ne s’estime pas suffisamment équipé. Un jet de dé détermine si ce combat se déroule de jour ou de nuit. De nuit Dracula aura beaucoup plus de possibilités d’attaques. Les combats se déroule sous forme de rounds ou chaque joueur va dépenser ses ressources. Le résultat sera lu sur une table spécifique en fonction de qui aura l’initiative (Dracula ou chasseur). Les pertes seront soit des points de sang, soit des blessures. Dracula pourra être acculé et devoir essayer de rejoindre son château afin de pouvoir regagner des points de sang, mais cette stratégie peut aussi lui être fatale s’il reste volontairement pendant 3 tours en son sein.
Un jeu avec une vraie ambiance
Ce jeu avec un thème bien connu favorise une immersion dans une ambiance gothique bien rendu. L’asymétrie oblige les chasseurs à bien se coordonner pour réussir. Dracula sent lui, la tension d’être la proie, bien qu’individuellement il semble supérieur à ces adversaires pris individuellement. L’ambiance peut être renforcée par une bonne bande son. Il faudra une bonne gestion des ressources pour que les joueurs arrivent à leur fin.
On retrouve dans ce jeu l’influence du mécanisme introduit par le jeu Scotland yard quelques années plus tôt. Destiné à l’époque à un public plus averti, peut- être moins grand public du fait de sa distribution en boutiques spécialisées, la phase des affrontements est le supplément d’âme qui fait que nous avons là un jeu complet.
Une lutte de longue haleine
Comme il n’y a pas de compteur de tour, cette course poursuite peut avoir tendance à s’éterniser, surtout après quelques parties, les stratégies des uns et des autres étant maintenant connues. Le principe de tour par tour pour chacun des acteurs de ce drame peut laisser l’impression d’une grande lenteur avec des délais de jeu importants surtout pour Dracula.
Toujours vivant
Ce jeu, plus que trentenaire, est toujours vivant grâce aux différentes rééditions qui ont apportées quelques retouches aux règles initiales et un matériel nouveau. Sa mécanique, son contexte en faisait un jeu ayant aussi quelques ressemblances avec une table de jeu de rôle. Un jeu que nous avons beaucoup pratiqué à sa sortie en milieu associatif. S’il n’est pas un jeu qui introduit de grandes révolutions dans son fonctionnement, il reste une belle synthèse qui en fait bien un jeu ayant sa propre personnalité.
Liche Ludik